jeudi, 14 août 2025

Humain et intelligence artificielle: un tournant technologique à aborder avec méthode

L’intelligence artificielle s’installe dans tous les secteurs, de la simple automatisation de tâches à l’analyse prédictive la plus complexe. Les entreprises qui l’adoptent y trouvent un gain de productivité, une meilleure exploitation de leurs données et une source d’inspiration créative. Mais l’IA n’est ni une baguette magique ni un remplaçant de l’intelligence humaine. Son efficacité dépend du pilotage stratégique que l’on met en place: définir les bons usages, formuler des requêtes claires, contrôler les résultats et connaître ses limites. L’enjeu, pour les PME comme pour les plus grandes entreprises qui souhaitant évoluer avec son temps, est d’outiller l’humain, pas de le remplacer. Alors, comment  mobiliser au mieux les atouts que cette technologie peut offrir? 
 
Là où l’IA performe vraiment
 
Employée judicieusement, l’intelligence artificielle devient un assistant puissant dans de nombreux domaines.
 
Automatisation de tâches répétitives: mise en page de documents, synthèse de rapports, traitement de données en série. Des missions à faible marge d’interprétation comme la remise en forme ou le résumé d’informations existantes sont idéales pour l’IA.
 
Analyse massive et rapide de données: en quelques secondes, elle identifie et agrège des volumes de données que l’humain mettrait plusieurs jours à traiter. Ces analyses doivent toutefois être interprétées et validées.
 
Stimulation de la créativité: proposer des idées de contenus, suggérer des visuels ou amorcer des scénarios inventifs pour alimenter un brainstorming, l’IA peut devenir une excellente source d’inspiration, surtout en phase de réflexion créative.
 
Cependant, cette efficacité n’est pas utile si elle est mal guidée. Car c’est bien l’humain, qui, par la quantité de ces prompts, garde la main sur les résultats. Plus les instructions sont précises et contextualisées, plus la réponse est pertinente.
 
Les apports uniques de l’humain
 
Aussi impressionnante soit-elle, l’IA ne comprend pas ce qu’elle produit. Elle extrapole, elle simule, elle imite à partir de données existantes. L’IA croise une grande quantité de variables et de sources d’informations pour créer sa réponse, mais ne comprend ni la nature de ce qu’elle avance, ni comment et pourquoi elle a abouti à cette réponse. L’humain apporte de nombreux atouts qui ne peuvent être reproduits par l’IA.
 
L’esprit critique: évaluer la pertinence, corriger les erreurs, détecter les incohérences que seule l’expérience humaine permet.
 
L’intelligence émotionnelle et contextuelle: interpréter un ton ou un regard, comprendre un sous-entendu, s’adapter à un contexte culturel ou émotionnel.
 
La créativité disruptive: l’audace, sortir des sentiers battus, inventer ce qui n’existe pas encore, oser des ruptures. 
 
Confier à l’IA ce qu’elle ne maîtrise pas, c’est risquer des résultats tronqués ou erronés, mais aussi désapprendre des compétences acquises, qui font la force de l’intelligence humaine. C’est la complémentarité entre l’IA qui exécute rapidement et assiste et l’humain qui décide et innove qui transforme la technologie en levier de performance durable.
 
Les limites et risques à intégrer dans sa stratégie
 
Sans cadre d’utilisation clair, l’IA peut générer nombre des effets négatifs.
 
Biais algorithmiques: en répétant les biais humains, hérités de l’entrainement, comme la discrimination ou la reproduction de stéréotypes. Il ne faut pas considérer l’IA comme ayant une interprétation totalement neutre.
 
Érosion des compétences: l’excès de délégation entraîne un désapprentissage et une dépendance. Il est important de conserver les savoir-faire et les connaissances afin de toujours pouvoir faire sans l’IA en cas de besoin.
 
Déshumanisation de la relation client: le contact humain reste essentiel et rassurant dans de nombreuses interactions. L’utilisation abusive de l’IA peut faire prendre le risque de se déconcerter des clients et d’impacter l’image et la qualité des services de son entreprise.
 
Hallucinations: l’IA peut inventer des faits ou des chiffres et les présenter avec assurance. Il est ainsi indispensable de connaitre les sujets abordés et de systématiquement vérifier les informations transmises par l’IA.
 
Les limites de l’IA sont plus ou moins importantes selon le contexte et la tâche demandée. Il faut avoir conscience de ses lacunes pour utiliser ses compétences à leur maximum tout en protégeant la qualité, la fiabilité et l’image de l’entreprise.
 
Intégrer l’IA dans ses processus
 
Il ne faut pas absolument intégrer l’IA, mais viser une vraie plus-value en l’intégrant avec intelligence. 
 
Commencer petit: essayer un premier cas précis avec un seul outil d’IA. Fixer un périmètre, des objectifs et des indicateurs pour définir si l’utilisation est pertinente ou si elle peut être améliorée. 
 
Sélectionner l’outil adapté: certaines IA sont généralistes et d’autres spécialisées dans certaines tâches ou missions, il faut donc choisir l’outil le plus adapté à vos objectifs.
 
Former les équipes: former les collaborateurs aux bonnes pratiques de ces nouvelles technologies, mais également à leurs limites et à leurs enjeux tant pour l’entreprise que légaux.
 
Mesurer l’impact réel: évaluer régulièrement l’efficacité des processus mis en place (gains de temps, qualité, satisfaction) et ajuster son utilisation en cas de besoin. 
 
Un cadre d’usage conforme et évolutif
 
Établir une charte interne d’utilisation de l’IA permet de fixer des règles claires: quels cas d’usage sont autorisés, quelles données peuvent être exploitées, quels outils sont approuvés, qui valide les productions.
 
Sur le plan réglementaire, la Suisse a annoncé en février 2025 son intention d’adapter la Convention de l’IA du Conseil de l’Europe au droit national. Un projet de mise en œuvre est attendu d’ici fin 2026. Les entreprises doivent donc anticiper ces changements pour rester conformes.
 
Bonnes pratiques et erreurs à éviter L’IA est un accélérateur de performance lorsqu’elle est bien intégrée dans les processus métiers. Elle libère du temps, automatise les tâches répétitives et ouvre de nouvelles perspectives créatives. Mais son adoption doit rester maîtrisée, avec l’humain aux commandes. 
 

La réussite repose sur un équilibre clair, l’IA ne remplacera jamais l’humain, mais elle peut lui permettre de se concentrer sur ce qu’il fait le mieux: penser, ressentir, décider et créer du sens.